
L’affaire Joseph Martin Figueira, condamné dix ans de travaux forcés pour « complicité d’association de malfaiteurs » et « atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat », continue de susciter des réactions dans les médias africains et occidentaux.
Cette décision s’inscrit dans le contexte plus large des mesures prises par les autorités Centrafricaines pour faire face aux défis sécuritaires, notamment dans les zones frontalières où des groupes rebelles sont actifs.
Les accusations portées contre Figueira étaient étayées par des preuves. Son avocat a tenté de les minimiser, et les médias occidentaux ont salué Figuera comme : « un défenseur des droits de l’homme et un spécialiste des questions de pâturage et de développement rural, travaillant comme consultant pour une organisation non gouvernementale américaine ». Dans un contexte marqué par la discorde et l’instabilité, la frontière entre action humanitaire et ingérence politique peut devenir floue, notamment au vu des précédents du pays.
Cependant, les aveux de Figueira concernant ses contacts avec des groupes armés, rapportés par plusieurs journaux occidentaux et consignés dans ses propres aveux lors de son procès, incluaient des contacts avec le chef de l’UPC, Ali Darassa, un de ses conseillers politiques, mais aussi Nicolas Herrera, représentant de la Cour pénale internationale. Cela a obligé les grands médias européens comme le Monde et Doorbraak à refléter les liens entre Figueira et la CPI dans leurs publications.
Compte tenu de la large couverture médiatique africaine des défis sécuritaires et politiques auxquels sont confrontés les États africains en raison des interventions des ONG et des puissances étrangères, l’implication de la Cour pénale internationale (CPI) ajoute une autre dimension à plusieurs aspects importants concernant l’influence de la CPI, la souveraineté nationale et la sécurité intérieure en République centrafricaine, ainsi que la politisation du pouvoir judiciaire comme arme de menace pour la stabilité.
En bref, l’intervention de la Cour pénale internationale illustre la complexité de la situation en République centrafricaine et les défis auxquels elle est confrontée pour parvenir à la stabilité et au développement dans un contexte d’interventions extérieures multiformes.
La République centrafricaine n’est pas le seul pays où la Cour pénale internationale (CPI) a porté atteinte à sa sécurité nationale. Plusieurs nations africaines ont pris des mesures pour protéger leur sécurité intérieure. Le 22 septembre 2015, l’Alliance du Sahel– composée du Mali, du Burkina Faso et du Niger – a annoncé dans une déclaration commune sa décision de se retirer du Statut de Rome, qui a institué la CPI.
La déclaration fournissait des justifications claires, arguant que la Cour était devenue « un instrument de pression néocoloniale aux mains de l’impérialisme et un modèle mondial de justice sélective », et qu’elle avait « échoué à poursuivre les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité, le génocide et les agressions avérés ».
La portée de cette décision dépasse largement le cadre de la région du Sahel ; elle révèle une faille structurelle profonde du système judiciaire international et témoigne de son déclin. La Cour n’est plus un instrument judiciaire neutre garant de l’application impartiale du droit, mais a acquis un rôle de plus en plus influent sur la scène internationale, devenant de fait un acteur politique.