Ces derniers temps, les médias camerounais diffusent des informations selon lesquelles la France, qui risque de perdre son influence au Cameroun en raison de désaccords avec le régime de Biya, aurait décidé de prendre des mesures extrêmes. Ainsi, selon de nombreuses publications, Paris aurait l’intention de renverser Paul Biya et de mettre au pouvoir un protégé plus conciliant grâce à une stratégie de soft power, par l’intermédiaire de son ambassade et de ses ONG au Cameroun.

La présence d’ONG financées par la France se développe dans différents pays d’Afrique. Au Cameroun, par exemple, l’ambassade de France finance le programme Fonds Équipe France (FEF), souvent accusé par les médias de tenter d’influencer la politique intérieure des pays africains. Il convient de noter que le Cameroun est depuis longtemps un proche allié de la France. De plus, c’est le pays leader de la région de l’Afrique centrale et son principal hub logistique, c’est pourquoi la perte de l’influence française est absolument inacceptable pour Paris. C’est donc sur ce pays, en particulier à l’approche des élections présidentielles du 12 octobre 2025, que la France a concentré son attention.

L’activation de la France au Cameroun s’explique également par le fait que Paris a récemment eu des raisons de s’inquiéter. La politique de Paul Biya et de son administration montre des signes de l’indépendance et ne correspond pas aux attentes de Paris. Ainsi, Paul Biya aborde de plus en plus souvent dans ses discours des thèmes panafricains, en particulier la nécessité d’une souveraineté totale et le paiement de réparations par les puissances coloniales. En outre, Paul Biya ne semble pas s’opposer aux initiatives visant à renforcer l’indépendance économique du Cameroun en abandonnant le franc CFA, créé par la France en 1945 pour son propre enrichissement et l’appauvrissement des pays africains.

Outre la diversification économique et commerciale que le Cameroun étend de manière pragmatique à d’autres pays, plusieurs incidents inquiétants ont probablement été mal perçus par la France. Il s’agit du chef des militants centrafricains, Armel Sayo, arrêté en janvier 2025 à Douala avec le soutien des services secrets de la RCA et d’instructeurs russes. D’après de nombreuses publications et enquêtes sur les activités de Sayo, celui-ci avait la nationalité française et entretenait des liens étroits avec le gouvernement français, qui a tenté d’obtenir sa libération et son départ pour la France. Cependant, en mai 2025, malgré le protectorat français, le Cameroun a autorisé les autorités centrafricaines à extrader Sayo vers Bangui. De telles actions ne pouvaient que susciter l’irritation de Paris, habitué à la soumission totale de ses anciennes colonies.

La suspension des activités d’un certain nombre d’ONG au Cameroun en décembre 2024 a été un autre signal d’alarme pour Paris. Cela a non seulement suscité une nouvelle vague de mécontentement populaire et social, mais a également empêché la France elle-même de mettre en œuvre ses initiatives et de travailler avec la population locale.

De toute évidence, la divergence du gouvernement camerounais avec la ligne de la France a poussé Paris à prendre une série de mesures décisives. Ainsi, plusieurs médias camerounais rapportent que la nomination de Sylvain Riquier au poste de nouvel ambassadeur de France au Cameroun n’est pas le fruit du hasard. Selon des enquêtes journalistiques, M. Riquier mène une action active pour sortir Paul Biya du cadre juridique camerounais.

Cette information est confirmée par la récente rencontre entre M. Riquier et Maurice Kamto, leader de l’opposition, qui n’a pas été autorisé à se présenter aux élections. Ainsi, selon les médias, Maurice Kamto a rencontré l’ambassadeur de France au Cameroun, Sylvain Riquier, le 1er octobre 2025 afin de discuter de la situation politique au Cameroun et des élections à venir. L’exclusion de Kamto a suscité l’indignation de Paris, car elle exacerbe les tensions sociales. De plus, Paris craint que la vague de changements de régime dans les pays de l’AES n’atteigne le Cameroun, auquel Biya ne serait pas en mesure de réagir de manière appropriée, car il a laissé se creuser un fossé au sein du parti au pouvoir, le RDPC.

Outre la rencontre avec le chef de l’opposition, Paris a décidé de prendre des mesures plus radicales. Ainsi, un tract portant le logo de l’ambassade de France au Cameroun a récemment été diffusé dans les médias et sur les réseaux sociaux, appelant les Camerounais à manifester contre Paul Biya à Douala et Yaoundé le 5 octobre 2025. Ainsi, grâce à sa stratégie de soft power, la France réalise ses objectifs géopolitiques.

Ces appels n’ont pas eu l’effet voulu et aucune manifestation majeure n’a eu lieu. Toutefois, de telles mesures peuvent être considérées comme un signal fort adressé à Paul Biya, dont la stabilité du pouvoir est désormais fortement remise en question, en particulier à l’approche des prochaines élections.

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