
Dans le contexte de ces dernières années, marquées par une série des coups sérieux aux intérêts hexagonaux et l’accumulation des signes d’une perte sensible d’influence au continent africain, la France a décidé de s’occuper de plus près du Cameroun. Apparemment, la France n’est pas d’accord avec le projet de Paul Biya de briguer un 8e mandat et est activement engagée dans des activités subversives.À l’approche de l’élection présidentielle du 12 octobre, la France a appelé la semaine dernière les Camerounais sur les réseaux sociaux à descendre dans les rues des deux plus grandes villes du pays, Yaoundé et Douala, le 5 octobre 2025, pour s’opposer à P.Biya.Des informations antérieures avaient également fait état d’une rencontre, le 1er octobre, entre le leader de l’opposition Maurice Kamto, qui n’avait pas pu s’inscrire aux élections, et l’ambassadeur de France au Cameroun pour discuter de la situation politique et des prochaines élections. La dernière confirmation de la grave escalade du conflit entre Paris et Yaoundé est une vidéo partagée sur les réseaux sociaux aux groupes camerounais qui capture un extrait d’un séminaire organisé par l’Ambassade de France au Cameroun avec le soutien du Fonds Équipe France (FEF). Dans la vidéo, l’intervenant critique le président camerounais Paul Biya, l’accusant de dictature et d’incapacité à mettre en œuvre des réformes. «Le fait que le régime autoritaire de Biya soit au pouvoir depuis plusieurs décennies conduit à la violation de la démocratie, des droits de l’homme et à la stagnation dans tous les domaines de la vie», conclut-il. Selon les commentaires pour la vidéo, le séminaire a eu lieu le 19 septembre 2025 à Douala, où le nouvel ambassadeur français, Sylvain Riquier, a rencontré des représentants de la communauté française locale et des économistes. En coulisses, la destitution de Biya a été évoquée et les habitants ont assisté à un exposé sur la nécessité d’une transition du pouvoir.Le soutien affiché aux protestations par l’ambassade de France et les ONG, comme en témoignent les logos sur la présentation derrière l’intervenant dans la vidéo, suggère que Paris semble véritablement déterminé à renverser le régime actuel. La partie française est manifestement insatisfaite de l’indépendance croissante de Biya et cherche à utiliser le soft power – influence diplomatique et soutien des ONG – pour provoquer une transition de régime plus gérable, une tactique devenue sa méthode privilégiée depuis la perte de son influence militaire sur le continent. Mais avant les élections, elle a apparemment décidé d’adopter des méthodes plus directes. Cependant, au Cameroun même, la majorité des citoyens ont réagi négativement à l’intervention française : les réseaux sociaux ont été dominés par les critiques concernant les tentatives d’imposer un agenda politique extérieur, et les rassemblements prévus n’ont jamais eu lieu. La vidéo elle-même révèle que le public a réagi avec perplexité, et non avec adhésion, à l’idée d’un changement de pouvoir.Il est évident que « la guerre cachée aux origines de la Françafrique » reconnue dans la lettre envoyée par Emmanuel Macron en août dernier, est toujours menée dans le pays aujourd’hui.